dimanche 15 février 2009

Ma Martinique se meurt à petit feu

On est loin de la campagne de Pub que nous longions dans les couloirs du Métro ou RER parisien pendant tout cet hiver. On devient involontairement le témoin d'un budget publicitaire voté pour nada. C'est bien triste tout cela car il en faudra bien plus que des photos de plages exotiques pour revaloriser l'image de ma petite île.

Oui, je suis choquée par les propos tenus par ce béké Monsieur Hugues-Despointes. Oui, j'ai toujours été choquée par les prix des yaourts au supermarché lorsque j'y passe mes vacances. Le kilo de tomate était en décembre dernier valorisé à 7 euros. Avec humour, j'avais même signalé à l'étalagiste qu'après réflexion il était hors de question de payer ce prix et que mes salades allaient s'agrémenter de produits moins utilisés comme la papaye verte ou le giromou ( le potiron ici ). Bien entendu, mon obsession a été de planter une christophine entière en pleine terre ( excellent pour les diabétiques ) pour ne pas avoir à acheter de tels produits au supermarché. Une aberration pour la vacancière antillaise que je suis.

Oui, je suis choquée par l'écart qu'il y a entre mes amis qui sont payés le Smic car travaillent dans de petites entreprises martiniquaises et ceux qui sont payés +40% car font partie de la fonction publique. Les uns ont du mal à joindre les 2 bouts, les autres calculent le bon choix d'investissement pour leur retraite. C'est vraiment une claque que je me prends à chaque séjour. Le malaise est palpable.

Mais, je suis d'autant plus choquée par le fait que les martiniquais prennent en otage leurs propres compatriotes. Je ne vais pas faire dans le pathos mais je souhaite juste vous signaler des faits tout simplement. Mon père est hémiplégique après un AVC. Il vit seul à la campagne. Heureusement pour lui, comme pour moi ( je me trouve rassurée ), les oncles et tantes ne sont pas très loin. Il est diabétique et doit donc prendre sa dose d'insuline chaque matin par l'intervention d'une infirmière car ne peut se piquer seul. Une aide à domicile a été mise en place pour l'aider à faire des barquettes et tenir sa maison propre. Mais, avec la pénurie d'essence, il devient difficile pour l'infirmière de se rendre jusqu'à lui et il est déjà impossible pour l'aide ménagère d'assurer ses heures faute d'essence. Au téléphone, mon père vit dans l'angoisse cette situation et se demande comment va donc se terminer ce conflit. Les gens crient leurs difficultés à la radio. Plus personne ne va au travail donc on peut imaginer la faible paye du mois de février. Avec chance, dans la famille, les enfants habitent chez les parents, au RDC de la maison ( pénurie des logements et terrains ) ce qui fait l'économie d'un loyer. Un handicap hier devient un avantage aujourd'hui. Les petites entreprises voire micro-entreprises qui étaient déjà en crise vacillent. C'est la désolation. Faut-il s'attendre à un nouveau défilé revendicateur à la place de notre Carnaval National ?

Ce conflit est important et montre bien que les Martiniquais veulent prendre en main leur destin. Il est juste de révéler des injustices et demander plus de transparences .
De mon modeste point de vue, ce conflit sera salvateur si il en ressort une mise à plat des inégalités économiques et sociales d'un axe local, national, européen et caribéen également. Par contre, sera destructeur si les négociateurs exigent en privilégiant les difficultés insulaires sans se positionner dans une vision mondiale de la crise qui nous touche. 

Petite réflexion

Tatiana


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